Lors du salon Solutions-Linux, organisé du 29 au 31 janvier dernier au CNIT, le ministère de la Défense est venu présenter son expérience du logiciel libre. En effet, l’ensemble de la gendarmerie est passé sous des logiciels libres en supprimant totalement les logiciels propriétaires Microsoft, précédemment utilisés. Retour sur cette migration.
Maîtrise et confiance
Ces deux thèmes clés dans la gouvernance des systèmes d’information s’adaptent parfaitement aux logiciels libres dans l’administration.
Pour que les utilisateurs aient confiance dans les nouveaux logiciels autant que les techniciens, 4 conditions doivent être réunies :
- la possibilité de modifier le logiciel en fonction des besoins des utilisateurs ;
- la compatibilité des applications entre elles, dans un service et dans l’administration tout entière.
- établir des règles strictes d’utilisation et d’adaptabilité de ces logiciels
- utiliser des formats connus, ouverts et simples d’utilisation et de modification.
L’Open Source permet ainsi de maîtriser au mieux ses applications et son système. En étant maître de ceux-ci, les utilisateurs ont une plus grande confiance en leurs outils.
Le Libre chez les gendarmes
Quelques chiffres :
2005 : mise en place d’OpenOffice.org sur tous les postes de la gendarmerie. Le gain financier estimé est de 2 millions d’euros par an. En 2008, 100% des postes seront équipés seulement de cette suite. Bien que cela ne soit pas encore le cas, Microsoft Office est déjà en fin de vie dans la gendarmerie puisqu’elle a fait l’objet d’achats d’environ 10 licences par an depuis ces 3 dernières années.
2006 : en partenariat avec la fondation Mozilla, mise en place de FireFox et de Thunderbird. Actuellement, FireFox est le navigateur par défaut sur 96% des postes et en 2009, Thunderbird sera l’unique client mail.
700.000 licences ont été économisées depuis la mise en place des logiciels libres dans la gendarmerie. Cela représente une baisse de 20 % du coût des métiers.
Arguments de migration :
Les logiciels libres portent les standards ouverts. La maîtrise du système d’information en est facilitée puisqu’on l’adapte et le transforme en fonction des besoins. On parle d’agilité du SI.
Dans l’ère de la LOLF, on parle surtout d’efficience, à savoir être le plus efficace possible avec le moindre coût. Dans ce contexte, le logiciel libre permet de s’adapter au mieux à ces exigences financières restrictives et au besoin de plus en plus important de spécialisation des outils de travail.
Les logiciels libres permettent ainsi une meilleure technique puisque les opérateurs internes connaissent au mieux les besoins des utilisateurs. La gendarmerie trouve aussi dans les LL une pertinence très efficace : sur les 15 couches applicatives des postes clients (messagerie, web, SIG,…), 70 % des besoins sont couverts par des logiciels libres.
Évidemment, le coût n’est pas nul, mais il a totalement changé étant donné qu’il n’y a plus de licence. Ainsi, les dépenses correspondent maintenant aux coûts de développement et d’amélioration du service et non plus en fonction du nombre d’utilisateurs.
Le dernier argument est le facteur humain. Les responsables techniques de la gendarmerie nationale ont voulu que les systèmes utilisés sur les postes de travail puissent être faciles d’accès et utilisables par les employés à leur domicile. C’est un succès, depuis cette migration beaucoup de gendarmes ont installés à leur domicile les mêmes outils qu’au bureau : OpenOffice, FireFox, Thunderbird, etc. et certains amorcent déjà leur migration hors Microsoft…
Précautions d’usage
La mutation vers des logiciels libres ne se fait pas sans prendre de précaution. L’idée maîtresse de la conduite du changement dans cette administration est la continuité. Chaque opération doit être réversible ce qui permet, en cas de dysfonctionnement, de revenir sur une plate-forme stable et connue.
Perspectives
L’objectif principal de la gendarmerie est le renforcement de l’indépendance de ses systèmes vis-à-vis de prestataires extérieurs.
Pour y arriver, elle s’est fixé comme objectif de migrer l’ensemble de son parc informatique sur Linux, d’ici 2013. Le choix de la distribution s’est porté sur Ubuntu pour deux raisons :
- la première est que les serveurs de la gendarmerie sont basés sur la distribution Débian, que leurs équipes techniques connaissent donc bien.
- la seconde est que la gendarmerie voulait une distribution simple à utiliser ; sans avoir à investir du temps et de l’argent dans sa personnalisation.
Tous ces choix devraient permettre à la gendarmerie d’économiser près de 7 millions d’euros par an et d’améliorer la qualité des outils qu’elle utilise.